Nippon Connection Filmfestival 2022 

J'ai été à la 22ème édition du festival du film japonais à Francfort qui a eu lieu du 24 au 29 mai. Quelques films de la sélection seront disponibles en ligne mais j'ignore encore lesquels à l'heure où j'écris cet article.

Le thème de cette nouvelle édition est "coming-of-age". Vous remarquerez après avoir vu les films que j'ai vus que peu d'entre eux entrent dans cette description. J'aurais en voir plus, notamment les films LGBT, mais je n'ai pas pu me rendre ni rester plus longtemps à Francfort.

Voici donc la liste de films et le documentaire que j'ai vus et un bref avis :

jeudi 26 mai :

20h The Mole Song: Final

C’est le troisième et dernier volet de la saga The Mole Song réalisé par Takashi Miike (mon réalisateur japonais préféré) et avec Ikuta Toma en tête d’affiche. C’est pas du tout le genre de film qui va plaire à tout le monde, surtout pour les novices de Takashi Miike. Pour faire court, un policier s’infiltre chez les yakuzas pour se rapprocher d’un puissant boss, devenir son homme de main et le coffrer. Scénario classique mais ce qui fait tenir l’intrigue sur trois films c’est les liens qui sont tissés entre les personnages. Dans ce dernier volet, je ne m’attendais pas à être émue par certaines scènes car les deux précédents étaient beaucoup plus de la comédie bien lourde et des petites culottes (on est sur ce niveau de beauf !). On sent que l’histoire arrive à terme et des personnages d’anciens films refont surface, ce qui renforce la continuité. J’ai également l’impression qu’il y a moins de scènes suggestives, ou en tout cas Ikuta Toma a plus de scènes dénudées que les actrices en ont de suggestives. C’est un progrès pour ce réalisateur…

Même si j’ai été agréablement surprise, ce film a le même problème que le deuxième volet : les longueurs. Quatre ans se sont écoulés entre les deux films et je comprends que des spectateurs n retiennent pas tout ou que de nouveaux regardent celui-ci sans avoir regardé les autres. Cependant, j’aurais préféré une manière plus subtile de faire un résumé de la situation en début de film et même pendant que des flashbacks tout bêtes de scènes vues (les mêmes flashbacks sont utilisés dans le 2 et le 3 !!). Je reste tout de même contente de mon visionnage et c’était un bon choix d’avoir commencé avec un film pour se déconnecter le cerveau.

vendredi 27 mai :

11h30 Wheel of Fortune and Fantasy

Ce film rassemble trois petites histoires qui ne sont pas liées entre elles. La première raconte celle d’une jeune femme qui vient de rencontrer un homme qui l’intéresse beaucoup. Elle raconte son rendez-vous à sa très bonne amie et celle-ci se rend compte que l’homme en question est son petit-ami.

Une femme mariée et mère d’une enfant a repris ses études à la fac et entretient une liaison avec un étudiant. Cet étudiant en question veut se venger d’un professeur qui est un célèbre écrivain et demande à son amante de le piéger en le séduisant.

La dernière histoire est celle d’une femme qui retourne dans sa ville natale pour assister à une réunion d’anciens élèves. Elle croise une ancienne camarade de classe par hasard dans des escalators et elles décident de discuter autour d’un thé.

Les histoires étaient plus ou moins bien. Ma préférée est la dernière car il y a un petit retournement de dituation que personne n'a vu arriver et j'ai aimé la tournure que prend l'histoire à partir de cet instant.

15h Sensei, Would You Sit Beside Me? 

Une mangaka vient de terminer son manga et se rend chez sa mère avec son mari, lui aussi mangaka, en apprenant que celle-ci ne va pas bien. Elle a des soupçons sur la fidélité de son époux et s’en inspire pour écrire un nouveau manga. En parallèle, elle commence à prendre des cours de conduite pour avoir plus d’autonomie.

J’ai plus apprécié ce film que ce que je pensais car il y avait pas mal d’humour et notamment venant du mari. J’ai aussi aimé le doute qui planait à partir d’un moment et je me suis faite avoir comme beaucoup de personnes dans la salle. Ce n’est pas un film léger mais on ne tombe pas dans le mélodrame des adultères pour autant. Ce n’est pas non plus un tire-larme… Ce serait plus une comédie dramatique avec un retournement de situation.

17h15 The Sunday Runoff 

C’est mon visionnage préféré même si j’ai raté les dix premières minutes. Un homme politique tombe malade et nomme sa fille aînée pour mener sa campagne électorale à sa place. Elle n’a aucune idée de qu’elle est en réalité une marionnette que les politiques supporters du parti veulent manipuler. Mais elle n’est évidemment pas de cet avis.

J’ai beaucoup aimé la satire tout au long du film. Le changement d’état d’esprit de cette nouvelle femme politique qui est inconnue au bataillon et qui n’a pas demandé d’être là était bien amené. Elle commence par montrer son enthousiasme de la mauvaise façon, fait face à énormément de critiques, puis crée des scandales de manière consciente, se rebelle et encore plein d’autres choses avec l’aide de son secrétaire.

Les réactions du staff lors des gaffes ou des pétages de plomb des politiques m’ont beaucoup fait rire. C’est dire à quel point ils sont blasés et franchement… Ils ne sont pas assez payés vu tout ce qu’ils doivent gérer haha

J’aurais aimé en voir plus à la fin du film, c’est un signe que le temps est passé très vite ! La salle a aussi bien aimé vu les rires pendant certaines scènes. Je le conseille chaudement si jamais il est diffusé en France.

20h Parasite In Love

Je commence par un coup de gueule : Pourquoi une romance avec une lycéenne ? Il n’y a aucun intérêt à ce que l’héroïne le soit… Je ne comprends pas cette manie de faire des romances adultes-mineur.e.s. Surtout qu’elle aurait très bien pu être à la fac, cela n’aurait rien changer.

Sinon, je trouve la réalisation très belle. J’ai adoré les plans en contre-jour et ceux en extérieur qui contraste avec la chambre du héros qui est aseptisée. J’ai été un peu moins convaincue par le délire de parasites qui impacteraient également les sentiments amoureux de son hôte mais c’est selon la sensibilité de chacun à mon avis. L’histoire reste tout de même bien ficelée, d’après mes souvenirs c’est l’adaptation d’un roman. Les acteurs livrent une bonne performance, sans surprise connaissant leur filmographie.

22h Tokyo Kurds 

J’avais prévu de regarder le film Intolerance mais je me suis dit qu’un documentaire sur des Kurdes au Japon allait être plus enrichissant pour comprendre un peu mieux la société nippone.

Je m’attendais à un documentaire plus professionnel. J’ignore si le réalisateur / la réalisatrice était à son premier mais il faisait extrêmement amateur avec des plans qu’on aurait dit tourné téléphone. Le focus du documentaire n’était pas très clair non plus. On suit deux jeunes Kurdes qui vivent depuis des années au Japon car leurs parents y ont demandé asile (mais visa non accordé à aucun membre de leurs familles). Ils cherchent ce qu’ils pourraient faire dans la vie en ayant pour obstacle le fait de ne pas avoir de visa et de ne pas avoir le droit de travailler. On apprend tout de même pas mal de choses, notamment la difficulté d’avoir un visa et de continuer des études même en étant dans le système scolaire japonais depuis petit. Le documentaire montre très clairement les injustices que subissent les Kurdes et la recherche d’identité chez ceux qui ont très peu de souvenirs avant d’arriver au Japon. Au final, le documentaire est très brouillon et voulait sans doute faire plus que ce qu’il a montré.

samedi 28 mai :

11h30 Sing A Bit Of Harmony

Une AI intègre un lycée afin de tester si elle arrive à passer inaperçue parmi des humains pendant cinq jours. Elle va vite se faire remarquer par tout le monde et en particulier Satomi, la fille de la scientifique qui l’a créée car elle veut la rendre heureuse.

C’était un film d’animation sympathique qui ne casse pas trois pattes à un canard. L’intégration des chansons était assez random car l’AI chante de nulle part et les personnages trouvent aussi bizarres. Mais quand on part dans un vrai numéro musical, cela tombe tout de même comme un cheveu dans la soupe. La salle a rigolé justement à cause des moments mal choisis pour les chansons. C’est dommage car je trouvais le speech de base très intéressant (j’aime la S-F et en particuliers tout ce qui touche aux robots, au transhumanisme, etc.). Je pense qu’un format animé aurait été meilleur qu’un film pour développer toutes les idées présentées.

15h Mystery Train

On suit plusieurs personnages en parallèle qui se trouvent à Memphis, aux Etats-Unis. Les transitions entre les scènes/les histoires m’ont plu et le détail des couleurs et des décors étaient frappant. Il y a une véritable recherche de style dont le charme est multiplié par l’aspect rétro du film.

J’aime beaucoup l’ambiance et la BO du film qui est très centré sur Elvis Presley car des personnages en sont fans. À la fin de la projection, nous avons eu la chance d’avoir une interview avec l’acteur principal via Zoom. C’était marrant de le voir jeune puis plus âgé en l’espace de quelques minutes. Le réalisateur et lui ont beaucoup parlé musique et c’est pour cette raison qu’il pensait ne pas obtenir le rôle à l’époque. Ils ne parlaient pas du tout du film et pourtant !! D’ailleurs, pour jouer son personnage de touriste japonais alouf, il s’est inspiré du réalisateur dont la personnalité est similaire. En toute somme, cette interview était la cerise sur la gâteau pour ce film !

Je ne peux que vous conseiller d’aller au Nippon Connection de Francfort pour les prochaines éditions ou d’au moins regarder les films de la sélection en ligne cette semaine (avec un VPN très certainement).